D' Ikaria au Péloponnèse fuite en avant

Dimanche 7 juillet, il est temps de nous arracher aux bras de la belle Ikaria, qui d'ailleurs ne nous laissera pas filer sans essayer de nous retenir avec la toute puissance d'Eole dévalant furieusement de ses pentes abruptes. Trente nœuds, cela reste quand même tout à fait navigable pour nous, c'est donc sous trinquette et grand voile à deux ris que nous laissons Fournoi à Tribord pour une courte étape vers Maratokombos au sud de Samos dans une mer formée. Dés que nous sommes sous le vent de Samos, plus de vent et plus de vagues. Mais Eole nous réservait une de ses surprises, Maratokombos est situé au droit d'une vallée encaissée entre deux montagnes, et là le vent en profite pour se faufiler. De nouveaux 30 nœuds, ce qui ne manque pas de m'inquiéter pour les manœuvres dans un port que je ne connais pas. Par chance le quai est orienté perpendiculairement au Meltem. Nous repérons une place entre deux bateaux, nous avons maintenant la technique pour nous aligner, Lydie depuis l'avant me guide, mais avec ce vent il faut bien viser, mouiller loin et reculer avec de la puissance, tout cela sous l'œil inquiet des bateaux déjà mouillés . Une de ces manœuvres dont on est fier quand elle est réussie...

Petit Port sympa avec eau et électricité sur le quai et tout est gratuit...

Maratokombos

Lundi 8 juillet

Le vent s'est calmé hier soir, à 9h52 nous quittons le port avec un bon petit vent. En hissant la grand voile un élastique liant la GV au coulisseau casse. C'est le deuxième, il faudra tous les changer, ils sont cuits par le soleil, en attendant un bout fera l'affaire. le vent tombe rapidement et s'est au moteur que nous rejoignons la petite ile d'Agathonisi. Cette ile fait partie du Dodécanèse, c'est la plus au nord, 130 personnes vivent ici sur 13 Km2 de cailloux, dans deux villages, Megalo Chorio (nom quelque peu exagéré) et Mikri Chorio, (déjà plus approprié). Mouillage tranquille dans la petite baie à bâbord du minuscule port d'Aghios Georgios.

Agathonisi

Mardi 9 juillet

Nous ne pouvons pas nous attarder puisque nous devons être le 13 à Patmos pour récupérer Elisabeth qui arrive en Ferry, et les prévisions météo prévoient encore deux jours de Meltem. Ces changements d'équipage sont vraiment problématique puisqu'ils nous créent des contraintes nous empêchant de flâner au rythme du vent; il faut donc anticiper et laisser dans notre sillage un peu d'insatisfaction pour ces paradis seulement effleurés.   Nous reviendrons.

Escale à Port Augusta sur l'ile d'Arkoï. La population de cette ile n'est que de 44 habitants au dernier recensement, dont 1 instituteur et 1 élève nous dira le patron de la taverna. Bien sûr c'est charmant, nous trouverons une place à quai ou seulement 7à8 bateaux peuvent s'amarrer sur ancre et cul à quai, manœuvre dont nous sommes familiers. Le seul problème c'est que notre bateau est très mal conçu pour débarquer sur des quais assez haut, la plate forme basculante arrière c'est bien pour la baignade et pour les photos de la brochure publicitaire, beaucoup moins pour s'amarre cul à quai...

Un de ces jours je ferai le descriptif du bateau idéal  adapté aux croisières en Grèce...

Arkoï

Mercredi 10 juillet

Il est temps de rejoindre Patmos il nous reste une journée et demi avant le coup de vent. Notre stratégie pour avoir une place au port est toujours la même: Nous mouillons le soir dans un abri pas loin d'un port afin de chercher à nous amarrer à ce port vers 11h le matin quand les place ce sont libérées. Donc mouillage dans la baie de Ormos Gricou à 4 milles du port de Skala Patmos. Le charme est un peu rompu, c'est un brutal retour à la civilisation avec de nombreux bateaux au mouillage ou sur bouée et tous les bateaux à moteur qui nous secouent en permanence.

Jeudi 11 juillet

Comme prévu nous arrivons à Skala Patmos vers 11 heures et trouvons une place sans problème. Dés le début d'après midi le port est complet, normal avec le coup de vent qui débute.

L'escale sera agréable grâce à la rencontre de Martine et Raoul du bateau MAAT, sympathique couple de marins très expérimentés qui nous recevrons à leur bord pour une copieux apéritif.

Vendredi 12 juillet

Ca souffle fort mais nous sommes bien amarrés avec 60m de chaîne dans 5m d'eau. Pour moi journée contrariante, mon Iphone est en panne, impossible de le réinitialiser malgré plus d'une heure en relation avec Apple (avec le téléphone de Lydie). Rien à faire je devrai m'en passer jusqu'a mon retour en France, c'est là que l'on mesure notre dépendance à ces engins. C'est surtout dommage pour faire des photos... Heureusement ce soir Martine et Raoul viennent diner à bord, on oublie les problèmes à partir du second verre d'Ouzo.

Samedi 13 juillet 2019

Matinée marquée par la manœuvre bâclée d'un gros yacht à moteur qui percute l'avant de notre voisin de bâbord, un magnifique voilier de 25m, et qui finalement ramasse la chaîne du voilier avec une de ses hélices. Ca fait du bruit et sans doute des dégâts sur l'hélice. Ce malotru britannique, sans doute un brexiter!, refusera de faire un constat et s'en va malgré les protestations du grand voilier Italien. Cela m'amènera à rédiger un témoignage écrit qui je l'espère servira à faire payer les dégâts...

Le soir, nos amis Marie et Stéphane avec leurs trois mousses du petit trimaran  entrent dans le port, les enfants semblent ravis de nous revoir, ce qui est partagé. Elisabeth arrive au ferry, mais nos problèmes de planning continuent puisque Agnès et Olivier reprennent le Ferry d'Amorgos dans deux jours. Vraiment cette année très mauvaise coordination, à ne jamais refaire...

Dimanche 14 juillet 2019

Cette année même pas le temps de hisser le grand pavois pour la fête nat. Nous filons vers Levitha afin de faire découvrir à notre équipage cette île vraiment insolite. Belle navigation à la voile, nous prenons une bouée dans le fjord et le soir repas à la ferme. Cette année pour moi c'est un peu décevant, avec le coup de Meltem le pêcheur n'est pas sorti et il ne propose que du barracuda et ce n'est pas un bon poisson. Je me rabattrai sur les meatballs, malheureusement elles sont au mouton. En final je mangerai les frites et l'aubergine, les autres se régalerons avec la chèvre...

Lundi 15 et mardi 16 juillet

Dés 8 heures cap sur Amorgos, en sortant de Levitha alors que nous finissons d'hisser la Gv, nouvelle avarie:  la poulie d'écoute de GV fixée sur le côté de la bôme pour le renvoi vers l'arrière du cockpit se fait la belle. Heureusement elle reste sur l'écoute. Ces poulies sont fixées de chaque côté de la bôme par un boulon traversant de 12mm avec un écrou Nilstop, et celui ci c'est dévissé, efficacité relative du système... Heureusement mon sac à outil est à portée de main et j'ai un stock de boulons inox. Réparation en moins de 10 minutes, bateau face au vent et c'est reparti par 15 nœuds au travers dans une mer houleuse qui remuera certains estomacs non amarinés. Nous filons sous GV et génois à plus de 8 nœuds. Très belle étape  puisqu'à 11h 30 nous sommes à quai.

Agnès et Olivier repartent le soir, le lendemain nous louons une voiture afin de faire découvrir à Elisabeth les charmes de cette Ile, le monastère accroché à sa falaise vertigineuse, la chora et le cargo du "Grand Bleu" qui, échoué là depuis 30 ans, finit de rouiller dans sa petite calanque. Dommage que la plage soit couverte de détritus et de plastiques échoués, du coup c'est beaucoup moins paradisiaque que sur le guide...

Amorgos le Monastère et la Chora

Amorgos la plage du Grand Bleu

Mercredi 17 juillet 2019

Cette fois c'est du sérieux, le Meltem à décidé de s'installer durablement et vigoureusement, même sur les prévisions à 12 jours on en voit pas la fin avec des rafales prévues de 35 à 40 nœuds, sans compter les vents catabatiques sous le vent des îles. Une seule alternative, rejoindre le Péloponnèse avant samedi sous peine de rester bloqués ...  

La route la plus courte passe par Ios,Milos, pour rejoindre le golfe Argolique qui nous permettra de passer une semaine à l'abri avec des mouillages sympas.

Cap sur Ormos Maganari au sud de Ios, inutile de tenter de trouver une place au port avec ces prévisions météos. Etape musclée, 25 nœuds avec rafales, nous portons la toile du temps 2 ris et trinquette au près bon plein, mer confuse, mais ça passe et même très bien, c'est une des grandes qualité de ce bateau, il aime ces conditions de temps et avec la trinquette c'est un régal, les trente milles sont avalés et dés 13 heures nous sommes au mouillage, il y a beaucoup de place nous pouvons donc mouiller 40m de chaîne dans 4m d'eau. Il fallait ça, toute la nuit le vent hurle dans les haubans plus de 30 nœuds à l'abri dans le mouillage. A la nuit tombé nous assisterons impuissant au dérapage d'un voilier de 10m dont les occupants ont eu la mauvaise idée de partir à terre. Heureusement l'équipage d'un gros yacht  avec une annexe de la taille de notre bateau et d'énormes moteurs passera plus de 2 heures à remorquer le fuyard puis à le maintenir jusqu'au retour de l'équipage inconscient.

Ios Alarme de mouillage activée

Jeudi 18 juillet 2019

La nuit à été courte, nous  contournons Ios dans une mer formée, les gilets de sauvetage sont capelés, puis c'est au travers à 8 nœuds de moyenne dans 25 Nœuds de vent avec 1 ris et trinquette que nous rejoignons le mouillage de Kimolos. Je suis content car demain c'est le dernier jour avec des conditions clémentes pour rejoindre le Péloponnèse distant de 75 milles.

Kimolos

Vendredi 19 juillet.

Levés de bonne heure et de bonne humeur à 6h, j'attendais une mer houleuse après ces trois jours de vent soutenu, il n'en est rien, la mer est calme nous naviguons pendant les trois quarts de la traversée au près serré dans 10 à 15 nœuds de vent, puis pétole sur la fin et risée diésel.

A 18 heures nous nous ancrons à Porto Heli. Ce grand mouillage très abrité est un excellent abri, bien sûr nous ne sommes pas tout seul, et nous sommes parfois un peu secoués par les bateaux à moteur. A partir de demain le Meltem rugira sur la mer Egée, mais dans ce grand golfe nous bénéficierons de conditions très agréables. Encore une fois je constate la très grande fiabilité des prévisions météos même à 12 jours, à notre époque cela permet vraiment de planifier sa croisière en fonction des capacités du bateau et surtout de l'équipage.

Repos à Porto Heli