PROGRAMME PERTURBE PAR LE MELTEM

Lundi 20 juin 2022

Nous quittons Samos ce matin pour une courte navigation vers Ormos Maratoni que nous retrouvons avec plaisir, les bouées sont bien pratiques pour un mouillage sûr et en soirée  nous pouvons diner dans la deuxième Taverna. Ici c’est plus sélect mais plus onéreux…

Mardi 21 juin 2022

Nous faisons une courte halte sur les bouées d’Artemis Boatyard, ou nous sortirons le bateau pour le mois d’août et pour l’hiver, le temps de faire connaissance et de nous entendre sur les dates. Nous rejoignons la baie de Laki pour s’ancrer prés de la plage et profiter du temps calme, si rare cette année pour une baignade et une nuit paisible. Contact avec Bellisa, Isabelle et Michel sont à Levitha, ils ont enfin réussi à s’échapper de Sifnos ; nous nous donnons rendez vous pour le lendemain à Kalymnos dans la baie d’Emborios.

Mercredi 22 juin

Très courte étape de 8 milles jusqu’à Emborios, l’AIS repère Bellisa qui nous rejoint bientôt, nous prenons chacun une bouée et rejoignons Isabelle et Michel pour nous conter nos aventures respectives et notre fuite devant le Meltem. Taverna le soir. Cette année le vent fort qui arrive d’habitude vers le 14 juillet et souffle jusqu’à fin août est déjà présent depuis fin mai ce qui complique sérieusement les programmes. Ce vent du Nord souffle très fort et lève une mer très dure, il est très difficile de naviguer et encore plus de trouver des abris puisque le vent s’accélère avec le relief des îles et rend les mouillages inconfortables voire dangereux si l’on est dans des endroits encombrés de récifs.

Arrivée de Bellisa au mouillage d'Emborios sur Kalymnos

Jeudi 23 juin 2022

La nuit a été perturbée par la bouée de mouillage qui toute la nuit a tapé contre la coque, nous avons investi les cabines arrières, Lydie à du partager sa couchette avec mes bois d’épaves. Ce matin les deux équipages ont scruté la météo des prochains jours qui s’annonce particulièrement venteuse à partir de vendredi,  plus de trente nœuds avec rafales. Nous tombons d’accord pour nous réfugier au port de Pothia sur kalymnos qui semble le meilleur abri, il faut rejoindre le port au plus vite car il risque bien d’afficher complet rapidement. Accueil efficace du personnel du port, chacun son boulot : l’homme au gilet jaune guide la manœuvre et prend les amarres, l’autre homme fait les formalités et encaisse, la jeune fille distribue les prospectus des attractions de l’île.

Première visite du port, ce ne sera pas la dernière, petite ville sympathique et grouillante de vie de motobylettes (comme dit Michel), de magasins de toute sorte, de tavernas. Le port est rempli de petits bateaux de pêche, de quelques chalutiers rouillés et de petits ferrys qui font la navette avec les îles voisines.

Bien entendu visite aux magasins de producteurs d’éponges naturelles, c’est la spécialité de Kalymnos depuis longtemps et maintenant que les fonds autour de l’Ile sont épuisés les Kalymnotes vont pécher les éponges en mer Rouge et les ramènent ici pour perpétuer cette activité beaucoup moins lucrative depuis l’apparition des éponges synthétiques.

A la recherche des éponges de Kalymnos

Vendredi 24 juin 2022

Comme prévu le Meltem commence sa sarabande, aujourd’hui au programme farniente, rangement menu bricolage, lecture, il fait très chaud et nous attendons la fin de journée pour déambuler dans les rues et les faubourgs de la ville, au contact des habitants qui nous saluent d’un « Kalispera », (bon soir )  ou d’un « yassas » (salut) souriants et chaleureux, prenant le frais devant de belles maisons typiques alors que çà et là des maisons en ruine témoignent  des tremblements de terre fréquents qui rendent la vie sur ces îles emprunte d’humilité et de fatalisme.

Pothia - Kalymnos

Samedi 25 juin.  

 Nous sommes bien amarrés avec 60m de chaîne devant, nos voisins de quai restent aussi au port donc pas de risque de se faire embarquer le mouillage. Nous louons une voiture et grâce à Isabelle qui sera notre chauffeur, nous redécouvrons des sites déjà visités avec les amis de l’amicale Bavaria quelques années auparavant, mais cette année je suis en bonne santé et je peux mieux en profiter. Nous faisons donc le tour de l'île sur des routes étroites qui grimpent, tournent, descendent , en final seulement 60 km mais il faut une bonne journée avec des paysages magnifiques qui se dévoilent les uns après les autres et deux pépites. Tout d'abord Vlychadia, sur la cote Sud, que nous avons eu beaucoup de mal à rejoindre tant les indications routières sont rares, Pothia est un labyrinthe et nous avons tourné trois fois dans la ville pour nous retrouver au port à chaque fois. Enfin nous avons atteint ce petit port et ses habitants sympathiques qui nous ont informé que nous ne pourrions pas repartir sans visiter le musée. Sur la cote Est c'est Vathys une oasis d'orangers au fond d'une gorge profonde, encore un petit port impraticable avec nos bateaux, où les habitants profitent de la baignade dans une eau cristaline.

Les trésors de Kalymnos

Musée de Vlychadia

Dimanche 26 juin 2022

Nous sommes réveillés par les cloches et les psalmodiassions du  pope dont la voix porte loin grâce aux hauts parleurs fixés sur les clochers. Ici on n’échappe pas à l’office dominical.

La météo est toujours aussi mauvaise, le vent de plus en plus fort pour les jours à venir, nous sommes vraiment coincés et nous nous ne pourrons absolument pas suivre notre programme de navigation. 

Heureusement nous avons les amis et nous passons de bons moments avec Isabelle et Michel avec le rituel de l’Ouzo du soir suivi du repas sur Yemaya ou Bellisa

Lundi 27 juin 2022

Toujours pas d’accalmie en vue, nous connaissons bien Pothia maintenant , mais les soirées nous remontent le moral.

Mardi 28 juin 2022

Cinquième jour sans qu’une amélioration se dessine, tous les plans tombent à l’eau, normal en bateau, petite promenade en soirée apéro repas.

Mercredi 29 juin 2022

Le vent s’est déchainé cette nuit, nous décidons de relouer une voiture pour aller au petit port qui dessert la petite île de Telendos que nous avions longé il y a quelques jours. Le port est minuscule le bateau qui nous fait traverser est une barque de pêche reconvertie avec un marin chevronné habitué aux manœuvres dans des conditions musclées. Balade à pied sur l’ile écrase de chaleur au travers d’une végétation rare qui permet de lieu en lieu de s’abriter des rayons du soleil sous des chênes vert et des pins. Repas sympathique dans une taverna au bord du quai et retour à Pothi en passant au charmant village de Vlychadia tapi dans une anse abritée du sud de l’île ou les filles se baignerons au milieu de l’agitation des locaux dont le niveau sonore peut être qualifié de tonitruant.

Balade à Telendos

Jeudi 30 juin 2022.

Le Meltem à décidé de retenir son souffle pour au moins une journée et après 6 jours coincés nous pouvons enfin nous échapper, cap sur Nisyros, l’île du volcan. Nous sortons du port avec 28 nœuds deux ris et trinquette, mais bientôt l’accalmie s’installe, la trinquette est remplacée par le génois, les deux ris sont lâchés, puis on affale tout et on met le moteur, puis en renvoie de la toile. C’est cela la navigation en Méditerranée, trop de vent, pas assez de vent tout est dans l’excès. Nous entrons dans le port de Paloi sur Nisyros en rasant la jetée, il y a 2m40 d’eau et nous calons 2m20. Amarrage arrière au quai après avoir bataillé quelques minutes pour décoincer la chaîne d’ancre bloquée par une remontée un peu trop vigoureuse dans les conditions musclées du départ de Kalymnos. A l’arrivée la caisse à outil est de sortie pour réparer le verrou de la plateforme arrière endommagé par la poussée de la passerelle lors d’un contact avec le quai .

Vendredi 1^er juillet 2022

Départ de bonne heure pour une virée en voiture sur les deux seules routes de l’île. Tout d’abord visite au volcan, nous descendons dans le cratère, la chaleur est suffocante aggravée par les fumerolles et l’odeur de soufre entêtante. Nous visitons également le second cratère que nous n’avions jamais vu. Ça et là le long du chemin des fumerolles s’échappent et la roche est brulante.

Le cratère de Nisyros

Nous rejoignons ensuite le village d’Emborios perché sur un éperon rocheux au-dessus du volcan. Ce village jadis abandonné renait peu a peu grâce à des restaurations qui magnifient la pierre et les couleurs des menuiseries. On comprend que ce type de village ait été abandonné tant les ruelles sont étroites escarpées parsemées d’escalier ce qui rend les maisons inaccessibles à tout véhicule. Les nouveaux habitats ont choisi un mode de vie paisible mais plein de contraintes. Faire des travaux ici est un exploit permanent, monter un sac de ciment ou une brouette de sable relève de l’exploit, monter des provisions  ou des bagages nécessite des efforts que seuls les amoureux du site sont prêts à consentir, mais que c’est beau.

Village d'Emborios sur Nisyros

Troisième étape au village d’Ailaki, tout blanc celui-ci ruelles étroites belles maisons aux portes ouvragées, la place du village sous la belle petite église est un peu défigurée par les parasols de la taverna, mais il faut bien que les insulaires vivent. Nous descendons près de la mer par une route étroite et vertigineuse à la recherche d’un restaurant, mais il n’y en a pas. C’est à la ville de Mandraki que nous pourrons hydrater nos gosiers secs et apaiser notre faim avant de errer dans les petites rues à la recherche de l’ombre. Même les chats semblent épuisés et ils sont tous affalés à faire la sieste à l’ombre.

Aliki et Mandraki

Samedi 2 juillet 2022

Les prévisions météo redeviennent délicates et la seule île épargnée est Symi à l’abri de la côte Turque. Cap sur la baie de Panormitis qui est un haut lieu de la religion Orthodoxe avec son monastère Saint Michel qui entoure la baie. Ne débarquent ici que des pèlerins que des ferries déposent et reprennent et les plaisanciers qui viennent apprécier un endroit calme puisqu’ici la musique est interdite, le naturisme aussi bien entendu…

Panormitis - Symi

Dimanche 3 juillet 2022

Nous longeons des falaises vertigineuses sur une mer calme pour rejoindre une baie entourée de collines escarpées : Ormos Pedhi. Cette faille dans le relief est suffisamment étroite pour que nous ne l’ayons pas décelé lors de notre précédent passage. C’est un endroit magique ou la vie semble s’écouler lentement immuablement avec de belles maisons à fronton typiques de Symi qui rappellent l’Italie avec des couleurs pastelles très différente des clichés sur la Grèce. Nuit tranquille au mouillage pour nous, Bellisa est à quai.

Ormos Pedi

Lundi 4 juillet 2022

Dés le matin nous prenons le petit bus pour la ville de Symi en espérant ainsi échapper aux grosses chaleurs. La route est tellement étroite que le chauffeur doit conduire avec dextérité le bus occupe toute la largeur de la route qui longe le port et l’on regrette de ne pas avoir emporté les gilets de sauvetage puisqu’on a l’impression qu’une roue passe dans le vide. La ville est exceptionnellement belle mais la chaleur est  suffocante et le bruit nous agresse on à l’impression d’un grouillement de touristes en goguette dont nous sommes d’ailleurs des acteurs. A midi nous déjeunons dans une taverna dont nous apprécions la tranquillité ce que déplore les propriétaires qui après deux années de fermeture Covid regrettent que les touristes ne fassent que passer. Il fait ici une chaleur étouffante et c'est avec notre bus aventureux que nous rejoignons la fraicheur relative de l'Ormos Pedi ou nous attendent sagement nos bateaux. Yemaya vient à quai pour refaire le plein d'eau puisque nous espérons  partir vers les mouillages de Rhodes dés le lendemain matin.

Symi

Mardi 5 juillet 2022

Hier soir j’ai consulté 20 fois les prévisions météo à 15 jours, échafaudé toutes les stratégies  possibles pour essayer de réaliser au moins une partie de mon plan de croisière de cette année qui prévoyait de faire le tour de Rhodes et des petites îles au nord. Et puis j’ai du me rendre à l’évidence, faire du Sud jusqu’à Rhodes ou les conditions météo semblent favorables est bien sûr possible, mais remonter vers le Nord jusqu’à Leros alors que le Meltem souffle sans discontinuer depuis un mois semble très hasardeux, il y a peu de chance que la tendance évolue assez pour permettre un retour.

Il faut RENONCER une fois de plus, cette année sera celle des renoncements.

Nous décidons de laisser Isabelle et Michel qui remontent vers Kos et de tenter de rejoindre Tilos, mais la météo du matin s’est encore dégradé, alors renonçons à Tilos et retournons faire une escale à Nisyros pour couper la route vers le Nord. En cours de matinée le vent monte plus que prévu, alors renonçons à Nisyros et allons mouiller à la pointe de Kos sans rentrer au port pour remonter plus vite vers le Nord dés demain. Nous longeons la côte Turque avec 20 nœuds de vent dans le nez, nous atteignons le mouillage de Kos avec 30 nœuds. Nous appelons Michel qui nous informe que le vent est maniable dans le port. J’appelle le port, il reste une place pour nous. Vite nous préparons le bateau pour l’accostage, remontons l’annexe sur le pont pour ne pas être gêné lors de la manœuvre que je prévois difficile. Et bien manœuvre très délicate pour se glisser en marche arrière dans une place étroite avec vent de travers, mouiller l’ancre  au milieu d’un fatras de chaines dans tous les sens. Enfin nous sommes amarrés mais pas très rassurés par la présence d’un gros yacht mouillé sur deux ancres par notre travers. Le port est réputé pour ces emmêlages de chaines.

La météo est très mauvaise pour les trois jours à venir Meltem de 30 nœuds rafales 40. Nous sommes encore coincés dans un port pour trois jours, heureusement nous retrouvons le réconfort des Amis de l’Ouzo et du Gyros (Kebab Grec avec oignons Tatziki etc…)

Mercredi 6 juillet 2022

Six heures du matin, branle-bas de combat, le bruit désagréable de notre chaine remontée par un autre bateau nous fait sauter du lit. Le gros yacht s’en va et son ancre ramène la notre et celle du voisin. Heureusement ce sont de bons marins et il leur faut peu de temps pour se désengager. Quand à nous il nous reste à sortir de notre place et remouiller, heureusement le vent est faible et le bateau voisin étant parti la manœuvre, aidée par un sympathique voisin de quai,  est relativement facile. Pour moi retour au lit pour retrouver un peu de calme. La journée est consacrée à la sieste et à la rédaction du blog puis promenade du soir dans les rues de la ville parsemée de monuments intéressants et de lieux chargés d'histoire. L'arbre d'Hippocrate, platane  sous lequel il enseignait la médecine. L'arbre n'est pas précisément celui qu'il fréquentait, il aurait 2500 ans, mais sans doute un de ses descendants il serait âgé de plus de cinq cents ans ce que je veux bien croire vu son état et sa taille.

Kos et l'arbre d'Hippocrate